CHAPITRE PREMIER

 

 

Le vent s’était levé dès l’aube, chassant du ciel pourpre quelques inoffensifs nuages. C’était la saison des fruits, dans la dixième année du soleil indigo ; au bord de la mer il pleuvait rarement.

Les vagues se dressaient au gré du souffle tiède, hautes murailles grenat, frangées d’écume, semblant vouloir conquérir la terre pour s’y briser l’instant d’après. Guerrières impuissantes et obstinées, elles s’abattaient avec fracas sur le sable de la crique puis s’en venaient y mourir dans un dernier sanglot.

Debout à la frontière du sable sec et du sable mouillé, un jeune homme brun immobile regardait la mer. Chaque jour que faisaient les Dieux, il venait ici. Chaque jour il était venu, depuis qu’il avait appris à marcher  – ou peu s’en fallait. Parfois il ne s’attardait guère, mais sa contemplation pouvait tout aussi bien durer des heures, surtout si la marée montait. Et quand, plus forte ou plus hardie que ses sœurs, une vague menaçait de reculer les limites du domaine marin, il faisait un pas en arrière, voire un petit saut assez comique si par extraordinaire il se trouvait surpris.

Le jeune homme avait peur de la mer.

Il la considérait comme une véritable entité pensante plus que comme un phénomène naturel. Souvent, dans ses rêves, elle lui apparaissait aussi rouge que le ciel et devenait, par la grâce de son esprit troublé, une infinie mare de sang dont le flux et le reflux battaient le rythme de la vie, battaient le rythme de la mort.

Jamais il ne s’y était baigné, dédaignant les incitations sans cesse renouvelées d’Ismaëlle et de Custenhin. Eux ne craignaient pas les flots, y nageaient quotidiennement en se moquant de sa peur.

Le Fou non plus ne partageait pas ses craintes mais du moins ne se moquait-il pas. Des trois membres de la famille, c’était celui dont le jeune homme s’était toujours senti le plus proche, sans vraiment pouvoir dire pourquoi. Peut-être était-ce parce qu’il ne lui faisait jamais de remarque lorsqu’il rentrait bredouille de la chasse, ou se montrait un élève par trop déplorable au maniement de l’épée. « Continue comme ça et c’est un poignard de bois qu’on te donnera ! » disait Custenhin dans ces moments-là. Le Fou, lui, se contentait de sourire et de serrer son propre poignard de bois entre ses doigts maigres. Peut-être était-ce pour cela... Ou bien parce que lui aussi aimait à regarder les taches indigo des étoiles, au sein du ciel devenu noir. Passion de Fou ? Sans doute, mais qu’y pouvait-il ?

Le jeune homme étouffa un soupir. Il savait que plus jamais il ne partagerait cette vision fabuleuse avec son vieil ami. Plus jamais non plus il ne viendrait se poster face à ce monstre rugissant qui l’effrayait presque autant qu’il le fascinait : la mer. Aujourd’hui il devait partir.

Le jeune homme n’avait pas de nom. S’il avait été du sexe féminin on lui en eût attribué un dès sa naissance mais un garçon devait patienter, attendre de former sa propre famille. Alors et alors seulement, s’il recevait le titre de Héros, il gagnerait un nom. Ainsi Custenhin avait-il gagné le sien, une vingtaine d’années plus tôt. Mais s’il devenait Fou, Fou il resterait et chacun le nommerait ainsi.

Le jeune homme voulait être un Héros. Depuis presque vingt ans Custenhin, Ismaëlle et le Fou s’adressaient à lui en l’appelant « Mon Petit », « Mon gars » ou « Fiston », quand ils ne se contentaient pas d’un simple « Eh ! toi ! » Il ne le supportait plus. La simple idée de finir ses jours sans posséder de nom suffisait à le faire frémir d’horreur.

Mais d’autres raisons venaient augmenter le désir ardent qu’il avait d’être un Héros : pouvoir présider au changement de soleil, tous les dix ans, par exemple : tirer son épée face à la mer et attendre qu’en jaillisse le rayon qui frapperait l’astre du jour. Il avait observé Custenhin le jour où le soleil bleu était devenu indigo, se souvenait de l’expression radieuse qui marquait son visage, juste après la transformation. Un Héros redonnait la vie au monde. Grâce à lui s’accomplissait le destin de Fuinör.

Pourtant, tout exaltante que fût cette tâche, elle n’entrait pas pour une grande part dans le désir du jeune homme. Le Héros possédait un nom, bien sûr, le Héros possédait la gloire, mais surtout le Héros possédait la Femme.

 

Ismaëlle avait vécu trente-huit années. Le jeune homme, qui ne l’avait jamais quittée pour plus d’une journée, ne l’avait pas vue changer. Malgré cela, observant les rides qui commençaient de marquer son visage, au coin des yeux, sur le front, observant les quelques cheveux blancs qui brillaient au sein de la chevelure d’ébène et le léger affaissement des chairs au niveau de la gorge, de la poitrine, il supposait qu’elle avait dû être beaucoup plus belle. Et, à ce qu’on disait, toutes les Femmes étaient belles, car tel était leur rôle.

Chaque fois que Custenhin rentrait de la chasse, porteur de la dépouille encore sanglante d’un animal, Ismaëlle l’accueillait d’un baiser prolongé ; ensuite ils passaient de longues heures, seuls, tous les deux, dans l’ombre de la chaumière. Le jeune homme et le Fou n’avaient pas le droit de les y déranger, sous peine de recevoir une correction. Alors en général ils restaient ensemble et parlaient  – de tout et de rien, lorsque le jeune homme n’était encore qu’un enfant. A mesure qu’il avait grandi, leur conversation s’était de plus en plus orientée sur le Héros et la Femme, sur ce qu’ils pouvaient bien faire qui requît un tel mystère. Le Fou n’avait fait aucune difficulté pour répondre mais la première fois le jeune homme n’avait pas compris.

Un jour, n’y tenant plus, il les avait épiés. Ce jour-là, il avait ressenti des émotions toutes plus nouvelles les unes que les autres, trouble moral aussi bien que physique, dont il ne savait si la dominante était le plaisir ou la honte.

Depuis, ses rêves étaient hantés par la vision chimérique de la nudité d’Ismaëlle, frémissant sous les caresses de Custenhin. Il lui arrivait souvent de se réveiller en sursaut, le cœur battant à tout rompre, une fine pellicule de sueur recouvrant tout son corps.

Posséder une Femme lui semblait être la plus grande chose à laquelle pût aspirer un homme. Et seul un Héros se la voyait offerte.

— Tu n’as jamais eu envie d’Ismaëlle ? avait-il demandé un jour au Fou.

Celui-ci avait souri mais le jeune homme n’avait pu s’empêcher de penser qu’il se forçait.

— Si, avait-il répondu. Si, ça m’est arrivé...

— Et alors ?

— Et alors quoi ? s’était exclamé le Fou, soudain agressif. Qu’est-ce que tu crois ? Je n’ai jamais fait l’amour avec elle : je ne suis pas un Héros...

C’était la première fois qu’il voyait son vieux compagnon perdre son sang-froid.

— Mais alors ? avait-il pourtant continué. Tu n’as jamais...

Il n’avait pu aller jusqu’au bout de sa pensée mais le Fou avait compris tout de même.

— Non, jamais, avait-il approuvé. C’est le destin des Fous. Si tu n’en veux pas, débrouille-toi pour devenir un Héros !

 

Débrouille-toi pour devenir un Héros...

Les mots résonnaient encore dans sa tête, comme un souvenir d’orages. Il tira son épée et la brandit face aux vagues, faisant quelques moulinets en hommage aux Dieux et à Fuinör.

L’arme était lourde, encombrante. Il n’avait jamais compris comment Custenhin pouvait la manier sans peine pendant des heures, alors que quelques secondes suffisaient à rendre son bras douloureux.

Remettant l’épée au fourreau, il se détourna à regret du spectacle des vagues. La marée commençait à descendre...

D’où il se trouvait il pouvait embrasser d’un seul regard circulaire la totalité de la crique. Ce n’était d’ailleurs pas bien difficile car celle-ci était minuscule : un demi-cercle de sable indigo, d’une centaine de mètres de diamètres, abruptement limité par la mer et entouré par l’écran violet de la grande forêt.

Au centre de la crique se trouvait la chaumière, quatre murs de bois, de terre séchée, et un toit de larges feuilles entrelacées, auxquels on avait ajouté un minuscule réduit, visiblement plus récent, comme une verrue inopportune sur un visage harmonieux. C’était dans ce réduit qu’il vivait, lui, qu’il avait toujours vécu depuis qu’il avait été en âge de subvenir à ses propres besoins élémentaires. Ismaëlle, Custenhin et le Fou habitaient la chaumière. Celle-ci se composait de deux pièces ; l’une servait de cuisine et de salle d’eau, l’autre de chambre à coucher. Lorsqu’il s’était risqué à demander pourquoi le Fou ne venait pas plutôt habiter avec lui, afin d’assurer à la Femme et au Héros cette intimité qu’ils semblaient tant apprécier, le jeune homme s’était entendu répondre qu’on ne discutait pas la tradition, ni la volonté des Dieux.

Parfois il s’était demandé comment les Dieux avaient bien pu s’y prendre pour faire connaître leur volonté aux pauvres mortels qu’ils étaient, mais bien vite il avait chassé ces pensées sacrilèges. Sûrement sa jeunesse ne lui permettait-elle pas de comprendre tous les mystères de l’existence.

Telle était donc la crique qu’il allait quitter. Il n’en avait jamais dépassé les limites, sinon en accompagnant Ismaëlle ou Custenhin sous les sombres feuillages, et encore ne s’agissait-il là que d’une distance ridicule, pour chasser ou se rendre à la source d’eau claire qui s’échappait d’un rocher et s’éloignait dans la forêt, comme pour s’y perdre.

A sa connaissance, aucun des membres de la famille ne s’éloignait plus loin de la crique. Custenhin disait que c’était interdit. Le Fou disait que c’était impossible, sauf pour un jeune homme arrivé à l’âge adulte et prêt à perpétuer la tradition. La Femme ne disait rien, comme d’habitude ; elle avait appris à ne pas se mêler des discussions des hommes.

Telle était la crique qu’il allait quitter et telle serait sans doute également celle dans laquelle il s’établirait. Peut-être seraient-elles même très proches l’une de l’autre. Combien de criques identiques pouvaient-elles être ainsi disposées au bord de la mer, tout autour du pays de Fuinör, forcées en autarcie par la grande forêt et la décision des Dieux ? Combien de Héros, combien de Femmes et combien de Fous vivaient-ils ainsi dans les chaumières ? Combien d’enfants ? Le jeune homme l’ignorait.

Résistant à la tentation de regarder encore la mer, il se dirigea lentement vers la chaumière.

 

Pendant de longues années, le jeune homme avait cru qu’Ismaëlle et Custenhin étaient ses parents. Puis un jour, le Fou lui avait expliqué comment une fée avait emmené un enfant nouveau-né à la crique, après que le Héros eût vaincu les cavaliers dorés. Cela se passait toujours ainsi dans les familles, avait ajouté le Fou. Les Héros et les Femmes ne pouvaient pas avoir d’enfants.

Il avait donc grandi ici, ignorant tout de ses véritables origines et n’ayant sans doute aucune chance de jamais les connaître. Chacun des membres de la famille lui avait enseigné ce qu’il savait : le Héros à chasser, armé d’un arc et de flèches ou en posant des collets, à se servir d’une épée. Dans ces deux disciplines il s’était montré assez peu habile, ne parvenant à s’y intéresser suffisamment pour les pratiquer avec bonheur. Le Fou, lui, lui avait appris à lire et à écrire, à reconnaître les plantes, les oiseaux, à prédire le temps d’après la nuance d’indigo qui marquait les étoiles ou bien la forme de la lune. Il lui avait aussi appris à faire la cuisine et à se taire lorsque parlaient Custenhin ou Ismaëlle.

La Femme ne lui avait rien appris, sinon à s’étendre à moitié nu sur la plage pour s’offrir aux rayons du soleil. Durant la saison des fruits la peau vert pâle d’Ismaëlle prenait grâce à cette exposition intense une nuance plus profonde, proche du bleu. Ainsi, elle était encore plus belle.

 

Le jeune homme entra dans la chaumière. Il y régnait en permanence une semi-obscurité qui conservait une certaine fraîcheur, même aux plus chaudes heures de la journée. Custenhin et Ismaëlle semblaient l’attendre. Debout, côte à côte, les bras le long du corps, ils le regardèrent entrer sans bouger. Ismaëlle souriait. Elle ne lui avait jamais communiqué beaucoup d’affection mais ce sourire lui fit du bien.

— Es-tu prêt ? demanda Custenhin.

— Je le suis.

Et il n’avait pas le choix. Prêt ou non, il lui faudrait partir. Il en ressentait un bizarre mélange d’excitation et d’angoisse.

Custenhin s’approcha de lui, posa deux larges mains sur ses épaules. Le Héros le dépassait d’un peu plus d’une tête et malgré l’âge qui le gagnait, possédait toujours une silhouette souple et puissante. Le jeune homme savait que, s’il l’avait voulu, Custenhin aurait pu le casser en deux d’un coup de poing.

— N’oublie pas mes conseils, fils. Si tu veux devenir un Héros, ne fais confiance qu’à ton épée ; et lorsque tu ne sais si tu dois frapper ou non, frappe de toute façon. Si ensuite tu le regrettes, cela prouvera que tu es encore vivant ! Je peux te faire confiance ?

Le jeune homme se força à sourire et à acquiescer. Il connaissait par cœur tous les conseils de Custenhin.

La poigne du Héros se fit un instant plus ferme sur ses épaules et il retint de justesse une grimace de douleur. Le regard de Custenhin était un mélange de dureté et d’envie. Sans doute se souvenait-il du jour où il avait quitté sa propre famille. Sans doute réalisait-il seulement que sa vie était en train de s’achever. Le jeune homme détourna les yeux, gêné.

Ismaëlle s’avança à son tour. Même elle était un peu plus grande que lui. Elle le prit dans ses bras et le serra contre elle, une démonstration d’affection à laquelle il n’avait encore jamais eu droit. Le souffle chaud de la Femme était dans son cou et tout son être frémissait sous le contact étrange, nouveau, d’un corps féminin.

— Bonne chance, Héros... murmura-t-elle.

Puis les lèvres bleues d’Ismaëlle effleurèrent les siennes en un rapide et chaste baiser. Lorsqu’elle s’éloigna de lui, il dut lutter de toutes ses forces pour ne pas la retenir.

— Adieu, mon gars, dit encore Custenhin. C’était comme s’il lui avait donné l’ordre de partir. Il n’avait plus rien à faire dans cette crique, savait fort bien qu’il ne pourrait jamais y revenir  – même en le voulant.

— Adieu... dit-il.

 

Le Fou l’attendait à l’orée de la forêt ; il portait un petit sac de toile en bandoulière.

— J’ai pensé que tu aurais besoin de provisions, dit-il en le lui tendant. Il y a des fruits et de la viande séchée.

Le jeune homme accepta le sac avec un sourire.

— Merci, Fou, dit-il. Je ne sais pas ce que je vais faire, maintenant que tu ne seras plus là pour penser à tout.

Le Fou eut un petit rire ironique.

— Tu vas apprendre à penser tout seul, dit-il. Tu verras : ce n’est pas forcément désagréable... Viens ! Je vais t’accompagner un peu.

Ils s’enfoncèrent ensemble dans le sous-bois, marchant lentement, comme pour reculer au maximum l’instant de la séparation.

— Tu crois que je réussirais à devenir un Héros ?

— Je n’en sais rien. On ne peut jamais savoir. Mais Custenhin te l’a prédit, non ?

— Il l’a prédit, oui, approuva le jeune homme. Mais il n’envisage même pas que je puisse devenir un Fou. Pour lui ce serait un destin pire que la mort.

— Et pour toi ? demanda le Fou, sans le regarder. Ils approchaient de la source ; le bruit de la cascade était de plus en plus fort, comme la progression du tonnerre depuis l’horizon, par un jour de tempête. Le jeune homme ne répondit pas immédiatement. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il se posait la question.

— Je ne sais pas, dit-il. Pour moi aussi, je suppose...

Puis, profitant de l’occasion, il s’éloigna un peu du Fou pour aller boire à la cascade. Contrairement à la mer, celle-ci ne lui faisait pas peur. Il venait souvent se placer sous son flot rapide, y restait de longues minutes, aimant ce massage incessant de l’eau qui chaque fois le laissait brisé mais détendu. Même durant la saison des neiges il lui arrivait de s’offrir à la cascade, grelottant ensuite de froid pendant des heures et des heures.

L’eau qu’il but dans ses mains en coupe était fraîche et un peu acide, comme toujours. Il en remplit sa gourde avant de rejoindre le Fou.

Il y a une seule chose dont j’ai oublié de te parler, dit celui-ci. Durant ton voyage, il ne te sera pas possible de rencontrer quiconque, sinon l’homme et la Femme qui seront membres de ta famille. Mais il arrive parfois que des démons prennent forme humaine pour torturer les jeunes gens comme toi. Aussi prends garde : si tu rencontres deux hommes, ou deux Femmes, l’un des deux sera là pour te tuer !

— J’ai mon épée, dit simplement le jeune homme.

Le Fou fit une grimace expressive, signifiant sans doute qu’il s’attendait à ce type de réponse.

— Je ne me hasarderais pas à le dire devant Custenhin, reprit-il. Mais je crois que parfois une épée ne sert pas à grand-chose. Sers-toi de ta tête au moins aussi souvent et tu ne le regretteras pas. Oh... Je pense que je ne t’accompagnerai pas plus loin, mon garçon...

Le jeune homme se retourna pour voir ce qui avait provoqué les dernières paroles du Fou, resté à quelques pas en arrière. Apparemment, il ne s’était rien produit d’exceptionnel et il supposa que son ami avait simplement décidé de ne pas s’enfoncer plus avant dans la forêt.

S’approchant pour l’étreindre une dernière fois, il se heurta à une barrière invisible qui lui communiqua une violente décharge douloureuse.

— Qu’est-ce qui se passe ? s’exclama-t-il. Qu’est-ce que c’est ?

— C’est la vie, dit le Fou en souriant. Moi je ne peux pas sortir et toi tu ne peux plus rentrer. Il ne te reste qu’à continuer...

Le jeune homme hocha lentement la tête. En quittant chacun des trois membres de la famille, il avait éprouvé des sentiments divers mais le Fou était le seul qui lui inspirât quelque chose ressemblant à du chagrin.

— Merci, Fou, dit-il. Merci pour tout...

— Adieu... Et si tu n’arrives pas à devenir un Héros, ne t’en fais pas trop. Moi, il y a des moments où je n’échangerais pour rien au monde ma place avec celle de Custenhin...

Le jeune homme ne comprit pas bien comment cela pouvait être possible mais se garda de tout commentaire. Adressant un dernier sourire au Fou, il tourna les talons et se mit en marche dans la fraîcheur du sous-bois.